Arrêt Rispal, Tribunal des conflits, 9 mars 2015, 15-03.984, Publié au bulletin

  • Abandon de la jurisprudence société entreprise peyrot·
  • Compétence déterminée par un critère jurisprudentiel·
  • 1) nature, en l'absence de conditions particulières·
  • Contrats n'ayant pas un caractère administratif·
  • Contrats conclus entre personnes privées·
  • Contrats passés entre personnes privées·
  • 3) application de la règle antérieure·
  • Application pour l'avenir seulement·
  • Marchés et contrats administratifs·
  • Contrat administratif en l'espèce

Chronologie de l’affaire

Résumé de la juridiction

Une société concessionnaire d’autoroutes qui conclut avec une autre personne privée un contrat ayant pour objet la construction, l’exploitation ou l’entretien de l’autoroute ne peut, en l’absence de conditions particulières, être regardée comme ayant agi pour le compte de l’Etat de sorte que les litiges nés de l’exécution de ce contrat ressortissent à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire.

Toutefois, la nature juridique d’un contrat s’appréciant à la date à laquelle il a été conclu, ceux qui l’ont été antérieurement par une société concessionnaire d’autoroutes sous le régime des contrats administratifs demeurent régis par le droit public et les litiges nés de leur exécution relèvent des juridictions de l’ordre administratif.

Dès lors, il appartient à la juridiction administrative de connaître de la demande indemnitaire formée par la personne privée cocontractante à la suite de la résiliation du contrat litigieux

Commentaires38

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blog.landot-avocats.net · 22 août 2022

Nouvelle diffusion Un litige entre personnes privées relève certes, usuellement, du juge judiciaire. Mais ceux-ci peuvent revenir au juge administratif dans un certain nombre de cas, selon des catégories qui s'avèrent à la réflexion ni toujours très claires, ni — encore moins — étanches entre elles. Ce qui est intéressant, c'est qu'à cette occasion, le juge se retrouve à définir ou redéfinir des notions aussi importantes que la transparence, le mandat ou, plus encore, la nature intrinsèquement publique, ou non, de certaines missions. Voyons tout ceci via une vidéo (I), un article (II) …

 

blog.landot-avocats.net · 22 juillet 2022

Un litige entre personnes privées relève certes, usuellement, du juge judiciaire. Mais ceux-ci peuvent revenir au juge administratif dans un certain nombre de cas, selon des catégories qui s'avèrent à la réflexion ni toujours très claires, ni — encore moins — étanches entre elles. Ce qui est intéressant, c'est qu'à cette occasion, le juge se retrouve à définir ou redéfinir des notions aussi importantes que la transparence, le mandat ou, plus encore, la nature intrinsèquement publique, ou non, de certaines missions. Voyons tout ceci via une vidéo (I), un article (II) et quelques …

 

blog.landot-avocats.net · 27 mai 2022

Un contrat entre deux personnes privées peut être un contrat public si l'acheteur privé fait office de centrale d'achat, agissant dès lors en tant que mandataire et/ou qu'intermédiaire, selon la CAA de Paris. Un litige entre personnes privées relève naturellement du juge judiciaire. Mais ces litiges peuvent relever du juge administratif en cas d'association transparente ou dans certains cas (voir notamment la traditionnelle jurisprudence TC, 8 juillet 1963, Société entreprise Peyrot, n° 01804 remise en cause par la décision du tribunal des conflits (TC), 9 mars 2015, n° 3984). Le …

 
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Sur la décision

Référence :
T. confl., 9 mars 2015, n° 3984, Publié au bulletin
Numéro(s) : 15-03984
Importance : Publié au bulletin
Publication : Bulletin 2015, Tribunal des conflits, n° 8
Type de recours : Ordre de juridiction compétent pour connaître d'une demande indemnitaire formée par une personne privée à la suite de la résiliation d'un contrat par lequel une société concessionnaire d'autoroute lui aurait confié la réalisation d'une oeuvre d'art
Décision précédente : Cour administrative d'appel de Paris, 20 octobre 2014
Précédents jurisprudentiels : Confère :
Tribunal des conflits, 8 juillet 1963, n° 01804, publié au Recueil Lebon
Textes appliqués :
loi des 16-24 août 1790 et décret du 16 fructidor an III ; loi du 24 mai 1872 ; article 34 du décret du 26 octobre 1849 modifié
Dispositif : Compétence administrative
Identifiant Légifrance : JURITEXT000031246275
Identifiant européen : ECLI:FR:TC:2015:03984
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Sur les parties

Texte intégral

Vu, enregistrée à son secrétariat le 23 octobre 2014, l’expédition de l’arrêt du 21 octobre 2014 par lequel la cour administrative d’appel de Paris, saisie d’une demande de Mme A… tendant à l’annulation du jugement du tribunal administratif de Paris du 23 janvier 2013 ayant rejeté sa demande formée contre la société des Autoroutes du Sud de la France (ASF) en réparation du préjudice résultant de la résiliation de la convention du 23 avril 1990, a renvoyé au Tribunal, en application de l’article 34 du décret du 26 octobre 1849 modifié, le soin de décider sur la question de la compétence ;

Vu l’arrêt du 17 février 2010 par lequel la Cour de cassation a décliné la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ;

Vu, enregistré le 27 novembre 2014, le mémoire présenté par Mme A… tendant à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire par le motif que le contrat, conclu entre deux personnes privées, ne porte pas sur un objet nécessaire pour la construction de l’autoroute ou constituant un simple accessoire à sa réalisation et que la société ASF n’a pas agi en qualité de mandataire de l’Etat ;

Vu, enregistré le 14 janvier 2015, le mémoire présenté par la société ASF tendant à la compétence des juridictions de l’ordre administratif et à l’allocation de la somme de 4 000 euros au titre de l’article 75 de la loi du 10 juillet 1991 par le motif que les contrats conclus par un concessionnaire d’autoroute en vue de la réalisation des ouvrages autoroutiers et de leurs accessoires relèvent du juge administratif ;

Vu les pièces desquelles il résulte que la saisine du Tribunal a été notifiée au ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie qui n’a pas produit de mémoire ;

Vu les autres pièces du dossier ;


Vu la loi des 16-24 août 1790 et le décret du 16 fructidor an III ;

Vu la loi du 24 mai 1872 ;

Vu le décret du 26 octobre 1849 modifié ;

Après avoir entendu en séance publique :

— le rapport de M. Yves Maunand, membre du Tribunal,

- les observations de la SCP Nicolaÿ, de Lanouvelle, Hannotin pour la société Autoroutes du Sud de la France,

 – les observations de Me B… pour Mme A…,

- les conclusions de Mme Nathalie Escaut, commissaire du gouvernement ;

Considérant que, dans le cadre des obligations faites aux sociétés concessionnaires d’autoroutes de consacrer une part du montant des travaux de construction d’une liaison autoroutière à des oeuvres d’art, la société ASF a conclu le 23 avril 1990 avec Mme A… une convention lui confiant, moyennant une rémunération forfaitaire, la mission d’établir une série de trois esquisses devant permettre à la société de choisir l’oeuvre à créer, puis la réalisation d’une maquette d’une sculpture monumentale que la société envisageait d’implanter sur une aire de service située sur le futur tracé de l’autoroute A 89 ; que la convention stipulait que la sculpture définitive ne pourrait être réalisée que si la société ASF était choisie comme concessionnaire de l’autoroute A 89 et si l’une des trois esquisses présentées était retenue par elle ; que la désignation de la société ASF en qualité de concessionnaire de l’autoroute A 89 a été approuvée par décret du 7 février 1992 ; qu’après l’achèvement des travaux de construction des ouvrages autoroutiers, la société ASF a informé Mme A…, par courrier du 7 juin 2005, de sa décision d’abandonner définitivement le projet ; que, par arrêt du 17 février 2010, la Cour de cassation a décliné la compétence du juge judiciaire saisi par Mme A… d’une demande d’indemnisation des préjudices qu’elle aurait subis du fait de la résiliation du contrat qu’elle allègue ; que, par arrêt du 21 octobre 2014, la cour administrative d’appel de Paris, estimant que le litige relevait de la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire, a saisi le Tribunal des conflits en application de l’article 34 du décret du 26 octobre 1849 modifié ;

Considérant qu’une société concessionnaire d’autoroute qui conclut avec une autre personne privée un contrat ayant pour objet la construction, l’exploitation ou l’entretien de l’autoroute ne peut, en l’absence de conditions particulières, être regardée comme ayant agi pour le compte de l’Etat ; que les litiges nés de l’exécution de ce contrat ressortissent à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire ;

Considérant, toutefois, que la nature juridique d’un contrat s’appréciant à la date à laquelle il a été conclu, ceux qui l’ont été antérieurement par une société concessionnaire d’autoroute sous le régime des contrats administratifs demeurent… ;

Considérant que Mme A… poursuit la réparation des préjudices qu’elle aurait subis à la suite de la résiliation de la convention qui l’aurait liée à la société ASF et qui aurait porté sur l’implantation sur une aire de repos d’une oeuvre monumentale à la réalisation de laquelle la société concessionnaire était tenue de consacrer une part du coût des travaux, et qui présentait un lien direct avec la construction de l’autoroute ; que le litige ressortit dès lors à la compétence de la juridiction administrative ;

Considérant qu’il n’y a pas lieu, dans les circonstances de l’espèce, de faire droit aux conclusions présentées par la société ASF au titre des dispositions de l’article 75 de la loi du 10 juillet 1991 ;

D E C I D E :

--------------


Article 1er : La juridiction de l’ordre administratif est compétente pour connaître du litige opposant Mme A… à la société des Autoroutes du Sud de la France.


Article 2 : L’arrêt de la cour administrative d’appel de Paris du 21 octobre 2014 est déclaré nul et non avenu. La cause et les parties sont renvoyées devant cette cour.


Article 3 : Les conclusions de la société ASF présentées sur le fondement de l’article 75 de la loi du 10 juillet 1991 sont rejetées.


Article 4 : La présente décision sera notifiée à Mme A…, à la société des Autoroutes du Sud de la France et au garde des sceaux, ministre de la justice.

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